Savez-vous placer sur une carte Samarkand, Carthagène, Valparaiso ?

Il y a des villes dont le nom résonne comme une douce mélodie. On ne sait pas toujours où placer Macao, Valparaiso, Zanzibar ou Samarkand sur une carte, mais on imagine des lieux sacrés, des décors mystérieux et des scènes hors du temps. Vous rêvez de découvrir ces villes mythiques ? Frédéric les a explorées pour vous.

Scène de tous les jours chez Monde Authentique…

 Le téléphone sonne. 
« Monde Authentique, Frédéric, bonjour !
– Bonjour. Je me suis retrouvé par hasard sur votre site internet et j’ai vu que vous proposiez des voyages à Zanzibar. Alors voilà, je voudrais des conseils pour organiser mon séjour là-bas. 
– Très bien ! Et qu’est-ce qui vous a donné envie d’aller à Zanzibar ?
– Je ne sais pas. Ça fait au moins 20 ans que j’y songe. Le nom me fait rêver… »
 
« Le nom me fait rêver… ». Comme je peux comprendre ! Les noms de certaines villes sont tellement poétiques qu’ils sonnent aux oreilles comme des promesses de voyages hors du commun… 
 
Déjà, lorsque j’étais enfant, les mots me faisaient voyager. Jules Verne et Antoine de Saint-Exupéry étaient mes auteurs préférés. J’imaginais que je faisais le tour du monde en 80 jours, que je naviguais 20 000 lieues sous les mers ou que j’embarquais pour un vol de nuit. Mais mon livre préféré n’était pas un roman. Le livre que j’ai le plus parcouru et fatigué, celui dont j’ai corné et écorné les pages qui n’en pouvaient plus et se détachaient de la tranche, c’est mon atlas. 
 
L’atlas de mes jeunes années est soigneusement rangé dans ma bibliothèque et je continue de le vénérer. Enfant, je parcourais ses planches et je me disais : « quand je serai grand, j’irai à Pondichéry, à Oulan-Bator et à Tombouctou ». Aujourd’hui, même si ses feuilles tombent et que Google Maps l’a relégué au rang d’objet de musée, mon atlas conserve le souvenir des noms évocateurs qui ont nourri mon imaginaire : Rhodésie, Dahomey, Abyssinie, Ceylan… Parfois, je me dis avec nostalgie que l’enfant que j’étais a rêvé de pays qui n’existent plus… 
 
Mais par chance, le rêve a rejoint la réalité et, devenu grand, j’ai pu découvrir certaines de ces villes mythiques dont nous rêvons tous…
 
 
Je suis allé à Zanzibar. La première fois, c’était le 16 juillet 2003. C’est une date qui restera gravée à jamais dans ma mémoire.  Je ne pouvais pas savoir ce jour-là que ma vie ne serait plus jamais comme avant. Depuis, je suis retourné 14 fois à Zanzibar. Et à chaque fois je me laisse envoûter par les odeurs de café aux épices, je me perds dans les ruelles de Stone Town dont je caresse les portes majestueuses, je revois la vie des sultans et des princesses arabes et je frissonne en imaginant le marché aux esclaves.   
 
Je suis allé à Valparaiso. Le plus grand port du Pacifique sud est une ville sale, rebelle et insoumise, faite de bric et de broc. Valparaiso est rouillée, craquelée et ressemble à un vieux navire fardé qui prend l’eau. J’y ai pris des ascenseurs qui montent et descendent la montagne. J’y ai mangé des coquillages arrachés à l’Océan et bu comme un Polonais avec des marins ukrainiens. Valparaiso est un paradis qui ressemble à l’enfer… 
 

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Je suis allé à Samarkand. Sur la trace des caravanes qui traversaient les déserts et les montagnes le long de la Route de la soie, j’ai admiré les coupoles turquoise et dorées des mosquées et des madrasas.  J’ai deviné le regard de femmes aux yeux cernés de khôl derrière les moucharabiés des caravansérails. Sur les étals des marchés couverts, les tissus précieux et les parfums de l’Orient m’ont envoûté, puis je me suis alangui dans des hammams moghols et j’ai dormi dans une antique synagogue.
 
Je suis allé à Bandar Seri Begawan. Le nom de la capitale du Sultanat du Bruneï explose dans la bouche, mais ce n’est qu’un fugace feu d’artifice sonore. Prononcer ce nom dans les dîners en ville permet de susciter la curiosité et de briller. Mais deux jours à Bandar Seri Begawan ne laissent aucun souvenir… 
 
Je suis allé à La Havane. J’ai flâné sur le malecón au volant d’une vieille cadillac rose. J’ai fumé le cigare, dansé la salsa sur les airs du Buena Vista social club et bu des mojitos à la Bodeguita del Medio. J’aurais aimé jouer aux cartes avec Hemingway sur un bout de table en formica, mais j’y suis allé un peu trop tard pour cela… 
  

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Je suis allé à Ushuaia. La ville du bout du monde, la plus australe de toutes les villes… J’ai déambulé dans ses ruelles, encore enivré du roulis du paquebot sur lequel j’avais croisé le Cap Horn. 
 
Je suis allé à Macao. Dans la torpeur humide des confins de l’Asie, j’ai admiré les azulejos et mangé des pasteis de nata. J’ai joué au casino et perdu mon argent. J’ai imaginé les tripots et le trafic d’opium que les néons tapageurs et les tables de jeu ont renvoyé dans les limbes du passé colonial.  
 
 
Je suis allé à Angkor. Je me suis perdu dans le labyrinthe des palais en ruine et des temples couverts de mousse et d’orchidées. Des mains bienfaisantes ont répandu sur mon corps de l’huile de coco, du gingembre et de camphre puis m’ont longuement massé. J’ai traversé la jungle en tuk-tuk et mangé les meilleures soupes phô de ma vie.   
 
Je suis allé à Xi’An. J’admirais l’armée de terre cuite, quand tout à coup ses milliers de soldats sont sortis de leur sommeil et ont rompu la monotonie de leur alignement pour se jeter à corps perdu dans un vain combat achevé depuis des siècles.  Et je me suis réveillé…
 
Je suis allé à Jaipur. J’ai fui l’agitation frénétique de la perle rose de l’Inde en trouvant refuge au sommet des collines boisées qui lui servent d’écrin. J’ai assisté au mariage de deux amis dans les jardins du Maharadjah. Pour l’occasion, je portais un costume traditionnel brodé que les 800 invités indiens en costume cintré ont regardé effarés…
 
Je suis allé à Carthagène des Indes. Rongée par le salpêtre, peinte de mille couleurs et ceinte d’une fière muraille, la petite Carthage défie ceux qui voudraient lui contester le titre de joyau des Caraïbes. À l’abri de ses fortifications, je me suis régalé de sancochos et j’ai siroté des limonadas de coco toute la nuit au son de la rumba.    
 
Hélas, je n’irai pas à Constantinople, ni à Babylone : je ne suis pas né au bon moment… 
 
Après mûre réflexion, et pour des raisons qui n’appartiennent qu’à moi, je crois que je n’irai pas non plus à Nijni Novgorod, à Salt Lake City, ni à Pyongyang, malgré leurs noms évocateurs…
 
Mais j’irai peut-être à Paramaribo, à Chihuahua, à Port Moresby, à Ispahan, à Chandernagor, à Tegucigalpa ou à Vladivostok… Des noms chantants et enchanteurs que je ne suis capable de situer qu’approximativement sur une carte, alors que depuis tant d’années, je feuillette inlassablement l’atlas de mon enfance.  
  
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