Le voyage d’Elodie en Argentine

Depuis un an à l’agence, Elodie s’occupe des opérations de transport : réserver des vols dans tous les sens, tarifer ce qui semble impossible, débloquer des listes d’attente, c’est son quotidien… Mais à force d’écouter les conseillers-voyages à l’agence, Elodie se prend à rêver de voyages. Son continent de prédilection : l’Amérique du Sud. Son sac sur le dos, elle vient de prendre un mois de vacances pour traverser l’Argentine de l’extrême Sud à Buenos Aires. Récit.

Deux bus, un taxi, trois décollages, deux escales, 12499 kilomètres, 17h de vol et me voici au bout du monde. Ushuaia, c’est d’abord des noms mythiques qui invitent au voyage : terre de feu, canal Beagle, Cap Horn, Detroit de Magellan… Ce n’était pourtant pas gagné d’avance car les premiers habitants, après les Indiens, furent des prisonniers envoyés afin de peupler cette terre inhospitalière. Ils y construisirent prisons, routes et un train (le train le plus austral du monde… parce qu’à Ushuaia, tout est toujours le plus austral…). S’y installèrent ensuite pirates, explorateurs, scientifiques, phoquiers, chercheurs d’or, producteurs de laine… qui arrivèrent par voie maritime. Moi, j’ai préféré arriver par avion : trois heures de vol depuis Buenos Aires, le choix était vite fait ! D’autant plus que voir la Terre de Feu et le Canal Beagle depuis le ciel mérite à lui seul le voyage : adrénaline garantie !

Au programme, rencontre avec des colonies de pingouins (manchots de Magellan), lions de mer et cormorans. Navigation sur le canal Beagle en voilier pour découvrir Ushuaia depuis la mer, l’île de l’éclaireur, des oiseaux et l’île H. Randonnée jusqu’au Glacier Martial. Visite du musée maritime et de l’ancien bagne. Ici, le vent n’est pas une légende : les « arboles banderas » (arbres « drapeaux » sculptés par le vent) le prouvent. . Environ 500 photos aux premiers jours du voyage (qui en comptera 28), cela annonce déjà la couleur. Certains se demandent si une visite à Ushuaia vaut vraiment la peine. Pour moi, la réponse est sans équivoque: Oui.

18h de bus plus tard, 863 km, (dont 150 au Chili, passage obligé pour traverser le détroit de Magellan en ferry), arrivée à El Calafate, point de départ du parc naturel Los Glaciares. Découverte du célèbre glacier Perito Moreno, 5 km de long sur 60 mètres de haut, rien que ça ! Le bruit de la glace qui se décroche du glacier et tombe dans le lac, la couleur blanche et turquoise de la glace, l’immensité de ce glacier… un seul mot : waouh!!! Vu du lac « Argentino », le spectacle est encore plus impressionnant. Une croisière sur le lac permet de se rapprocher des glaciers Upsala et Spegazzini.

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3h de bus, 215 km, El Chalten. C’est la ville de départ pour de nombreuses randonnées ou trekking dont les fameux Fitz Roy (3405m) et Cierro Torre (3102m) pour les randonneurs confirmés (7 jours de marche). Je me contenterai de petites randonnées de 1 à 2 heures vers des points de vue, des chutes d’eau, des lacs… Je laisse les 7 jours de trekking aux autres ! Dépêchez-vous d’y aller, ce village encore authentique et pittoresque est en plein développement.

12h de bus, 543 km, Perito Moreno (A ne pas confondre avec le glacier). Visite de la Cueva de las Manos (grotte des mains) inscrite au patrimoine mondial par l’UNESCO. Il s’agit de peintures rupestres qui représentent des mains et de scènes de chasse. Cette grotte se situe dans un canyon, le long du fleuve Pinturas. Pour accéder à cette ville, il faut emprunter la route 40 (route de 5224km qui traverse le pays du nord au sud depuis la frontière de la Bolivie jusqu’à l’extrême sud de la Patagonie). C’est LA route de l’Argentine. C’est d’ailleurs à de nombreux endroits plus une piste qu’une route. Elle traverse la steppe patagonique sur des centaines de kilomètres laissant entrevoir régulièrement des guanacos (cousin du lama), des nandus (autruches), des maras (lièvres de Patagonie), des zorros gris (renards de Patagonie) et des peludos (tatous)…

17h, 823km direction Bariloche et la région des lacs. La route des 7 lacs (qui en compte en réalité 8) entre les villes de San Martín de Los Andes et Villa la Angustura est une succession de lacs, de forêts et de parcs nationaux (Nahuel Huapi, Arrayanes, Lanín). C’est dans cette région très paisible que j’ai décidé de me reposer un peu. Promenades, barbecues (l’Argentine est le pays de la viande), baignades. Un semblant de vacances « tranquilles » pour faire la première pause depuis le début de ce voyage.

Certains voyageurs boudent cette région car elle ressemblerait trop à la Suisse. Il est vrai que lorsque l’on quitte la steppe argentine et que l’on arrive dans cette région, on a du mal à se dire qu’on est vraiment en Argentine. La comparaison est possible : chalets en bois, lacs, montagnes, bon chocolat (à conditions d’aller dans les maisons artisanales), des Saints Bernard (possibilité de prendre une photo moyennant quelques pesos ! pas très naturel, tout ça…), le village de Colonia Suiza… Mais les ressemblances s’arrêtent là… On est en Argentine ! L’immensité des paysages reprend le dessus. Vous pouvez faire sans problème un tour sur vous-même et vous ne verrez aucune construction et aucun être humain. Vous aurez l’impression d’être seul au monde. Chaque endroit est une véritable carte postale !

14h de bus, 745 kilomètres. Je laisse derrière moi la Cordillère des Andes que je longe depuis le début de mon voyage pour l’Océan Atlantique, direction Puerto Madryn et la Peninsula Valdes. Je n’ai pas vu les baleines car ce n’est pas la saison, mais lions de mer, éléphants de mer et pingouins sont, eux, au rendez-vous. Privilégiez la période d’octobre à décembre pour visiter cette partie de la Patagonie sinon vous risqueriez, comme moi, d’être un peu déçu.

1141km, direction Mar del Plata, LA ville de prédilection des Porteños (habitants de Buenos Aires) qui y passent leurs vacances d’été. Balade le long du bord de mer, passage obligé devant le casino, baignade… Il ne s’agit plus dans cet endroit de paysages immenses et spectaculaires, bien que je ne reste pas vraiment insensible aux plages… Cette étape du voyage fut propice à de belles rencontres. L’Argentin est à lui seul une découverte ! J’ai reçu mon initiation au rituel du maté, une véritable institution en Argentine, qui mérite bien une petite explication. Il s’agit d’une infusion d’herbe aux effets semblables à ceux du café ou du thé. Jusqu’à là rien d’exceptionnel ! Là ou cela devient intéressant,c’est que le maté ne se boit pas n’importe comment. Pour le boire, il faut des ustensiles spécifiques : une bombilla (récipient rond) et un tube métallique qui sert de paille et de filtre. Ne faites pas comme moi : ne remuez pas la bombilla sinon on va vous regarder bizarrement. Le maté passe de main en main, on boit l’intégralité on le passe à la personne qui l’a préparé celle-ci le rempli à nouveau et le transmet à la personne suivante et ainsi de suite… Un maté ne se refuse pas, c’est très mal vu car il symbolise la fraternité et l’hospitalité.

5h de bus, 404 km : Buenos Aires : Je finis mon voyage en beauté dans un petit hôtel de charme avec piscine dans le quartier de Palermo. Après un mois en auberges dans des chambres de 4 à 12 personnes, croyez-moi c’est un vrai luxe. J’ai la chance de visiter la ville sous un grand soleil, avec plus de 35°C, difficile de croire que nous sommes en plein mois de février ! Au programme, balade dans l’avenue du 09 juillet, la plus grande du monde, qui abrite un obélisque de 67,5 mètres de haut (plus grand que celui de Paris). Passage obligé par la Place de Mai où se trouve la « casa rosada » (palais présidentiel) d’où les Perón faisaient leurs discours et où pendant 30 ans « les mères de la Place de Mai » se réunissaient afin de retrouver leurs enfants enlevés par la dictature militaire. Visite de l’incontournable quartier de la Boca, célèbre pour ses maisons en tôles colorées et pour son stade de foot, la « Bombonera » stade du club Boca Junior… continuation par le quartier de Puerto Madero et les quartiers résidentiels de Palermo er de la Recoleta.

Mon deuxième voyage en Argentine s’achève non sans un petit pincement au cœur. Le premier dans le nord argentin (Iguazu, Salta, Cayafate, Cordoba), le deuxième en Patagonie…..vivement le prochain ! J’ai l’impression que plus je visite l’Argentine, plus il me reste des choses à découvrir…