Un hôtel responsable, durable et équitable ?

Lors que nos créateurs de voyages partent repérer vos prochains lieux de villégiatures, ils sont souvent confrontés à des horreurs architecturales et des catastrophes écologiques. Mais parfois, les bonnes surprises dépassent tout ce qu’ils avaient pu imaginer… témoignage.

Depuis un peu plus de trois ans que je vends des voyages aux Philippines, j’ai eu la chance d’aller cinq fois dans l’archipel et de découvrir des coins sublimes. Les collines de chocolat de Bohol, les rizières en terrasse de Banaue, les falaises de calcaire noir de Bacuit, la rivière sous-terraine de Saint Paul à Sabang, les requins-baleine à Donsol, des petites criques désertes… je croyais que les Philippines m’avaient déjà montré ce qu’elles avaient de plus beau…

En septembre dernier, j’ai été invité par l’office de tourisme à participer au salon PhiTEx (le Philippine Travel Exchange). Au programme : 3 jours de négociations avec de nombreux prestataires locaux dans les salons d’un grand hôtel de Manille… S’en suivaient aussi des propositions de voyages de 3 ou 4 jours aux quatre coins de l’archipel. Comme je commence à avoir du mal à découvrir des îles que je ne connais pas, (elles ne sont plus si nombreuses…), je me suis inscrit à une escapade de trois jours dans la région d’Ilocos. Flanqué d’un petit groupe de confrères allemands, j’ai pu ainsi découvrir une région qui sait se souvenir du passé. La présence coloniale espagnole y est bien présente… et l’influence du dictateur Marcos encore palpable…

Ces deux étapes auront été bénéfiques pour l’agence et donc pour nos clients : en effet, j’ai eu la possibilité de retravailler les programmes que l’on propose, l’occasion de négocier des offres spéciales avec les prestataires et la chance de découvrir une région que personne à l’agence ne connaissait…

Mon plus beau souvenir de ce voyage aura pourtant été tout autre. J’ai en effet été ému par l’ambiance d’un hôtel. Et ce type d’expérience n’est pas courant… A chaque fois que je la rencontrais dans un salon, la responsable commerciale du Coco Beach Island Resort m’invitait à passer quelques jours dans son établissement… Mais voilà : pas ma priorité, pas le temps, pas le bon moment… je n’avais jamais eu l’occasion d’y aller.

Cette fois-ci, j’ai décidé de m’accorder deux jours de plus aux Philippines. Quelle bonne idée ! Je suis toujours sensible, à l’heure de choisir les établissements que je vais proposer à mes clients, au respect de l’environnement local et des populations. Je savais que Coco Beach était aussi vigilant à ces détails qui n‘en sont pas. Mais pas à ce point là !

Lorsque l’hôtel a été construit (en 1986) entre mer turquoise et forêt tropicale, vivaient des indigènes de la tribu mangyans. Là où nombre d’hôteliers n’auraient eu le moindre scrupule à indemniser la population d’une poignée de pesos pour détruire l’environnement, le management de Coco Beach a imaginé avec elle une construction respectueuse de la nature et complètement intégrée. Il est difficile d’imaginer dans une telle profusion de cocotiers que 100 bungalows ont été construits.

Mieux encore, entre les bungalows destinés aux voyageurs, ont été construits des huttes pour les familles manyans qui ont grâce à l’hôtel trouvé un véritable emploi rémunéré. Chaque « service family » est ainsi affectée à un îlot de bungalows. Outre le nettoyage de la chambre chaque matin et la préparation des moustiquaires le soir, la famille est au service des voyageurs.

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Chaque matin, au réveil, les clients de l’hôtel trouvent sur leur terrasse la « Coco News », la lettre d’information de l’hôtel et un thermos de café. Un petit souci domestique ? L’envie d’offrir un bouquet à votre femme ou à votre fille parce que c’est son anniversaire ? Besoin de faire nettoyer des vêtements ? Les membres de la « service family » sont à votre disposition. Les familles ont aussi créé une coopérative où elles fabriquent des produits de beauté à base de coco. La vente de ces produits leur permet d’avoir des revenus supplémentaires.

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Et comme les familles sont près de vous toute la journée, des liens se forment. Au bout de quelques minutes, je n’étais plus le « client de la chambre 9A », j’étais Frédéric, Français qui prenait 2 jours de vacances après un voyage professionnel aux Philippines. J’ai pu discuter avec « ma » famille manyan qui semblait avoir plaisir à passer du temps avec moi. Et comme j’ai donné des t-shirts au Papa de « ma » famille, j’ai été couvert de cadeaux à base de noix de coco.

Responsable ? Durable ? Equitable ? Coco Beach est tout ça à la fois…

Quitter ce paradis et « ma » famille a presque été une épreuve. Heureusement que mes amis Julia et Matt (presque ma famille philippine…) m’attendaient le soir-même à Makati où nous avons refait le monde (et comparé la qualité des mojitos de chaque bar…) toute la nuit.