Laos du nord ou Laos du sud ?

Fin 2007, je découvrais avec bonheur un pays dont le souvenir ému ne m’a pas quitté depuis : le Laos. Pour cette première découverte, et comme je ne voulais pas me précipiter, j’avais décidé de me concentrer sur le sud du pays. Dès les premières minutes, la tranquille insouciance des Laos me séduit. La phrase la plus prononcée au Laos est sans aucun doute « Bo Penyang », dont la traduction la plus fidèle pourrait être « Pas de problème ». Le bateau est en retard ? Bo penyang. Le temple que vous vouliez visiter est fermé ? Bo Penyang. L’hôtel que vous aviez en vue est complet ? Bo penyang. Si vous cherchez un pays rodé au tourisme ou les étapes s’enchaînent à un rythme effréné, les transferts sont rapides et professionnels et les hôtels sans aucun défaut, vous n’êtes certainement pas au bon endroit. Mais si vous recherchez un havre de paix, un endroit ou on prend réellement le temps de vivre, un endroit où l’on vous accueille avec un sourire doux et chaleureux, non pas parce que vous êtes un client, mais parce qu’on est content de vous voir, tout simplement… Alors le Laos est votre prochaine destination.

P1230047

Pour ses voisins Thaïlandais, Vietnamiens et Chinois, le Laos est un peu le « petit frère ». Il faut dire qu’en termes de développement économique, le pays du million d’éléphants est plutôt à la traine. L’agriculture est le secteur roi, et 80% des quelques 7 millions d’habitants habitent la campagne. Il faut dire que la capitale Vientiane, avec ses 250 000 habitants, fait un peu penser à une petite ville de province endormie.

Le Sud, donc. Savannakhet, première étape de mon voyage et petite ville à l’activité digne d’une ville du sud de la France en pleine sieste de début de dimanche après midi. Que faire d’intéressant à Savannakhet ? Et bien rien, justement. Si ce n’est déguster un poisson grillé et une salade de papaye verte pimentée à souhait sur les berges du Mékong… Rien que pour cela, Savannakhet mérite le déplacement ! Plus touristique (au sens laotien du terme, rassurez-vous !), Paksé est la porte d’entrée du plateau des Boloven, ses petits villages perdus, ses plantations de café, ses marchés colorés… Et aussi un excellent point de départ pour une petite croisière de quelques heures sur le Mékong, à cet endroit large et majestueux. Arrivée à Champassak, et introduction culturelle à la civilisation khmère, celle là même qui a bâti les temples d’Angkor au Cambodge… A visiter : le Wat Phou, temple bâti justement quelques années avant Angkor… Certes, rien d’aussi majestueux, mais un temple à la mesure du Laos : beau dans sa simplicité. Dernier joyau du sud Laos, Si Phan Don : les 4 000 îles. Parfaitement, 4 000 ! A la frontière avec le Cambodge, là où le Mékong s’élargit et s’agite, précipite ses eaux dorées en de multiples chutes d’eau infranchissables. Chutes qui obligeront la France, à l’époque où le Laos en est une colonie, à construire une voie ferrée de quelques kilomètres dont on peut encore voir les vestiges. Car ne l’oublions pas, le Laos a été français ! Ne vous étonnez donc pas si vous passez devant quelques Laos disputant une partie de pétanque acharnée, ou si l’on vous propose dans la rue un sandwich « baguette pâté »…

Laos Johann (22)

Si ce premier voyage était une initiative totalement personnelle, celui que j’entreprends en ce mois de juin 2009 est professionnel. L’objectif est de préparer le terrain pour une ouverture prochaine de la destination chez Monde Authentique. La méthode est assez classique (nous n’allons pas tout vous dévoiler tout de même !), mais consiste à dénicher les endroits qui correspondent à notre philosophie : hors des sentiers battus, authentiques, inoubliables… Comme je connaissais déjà le sud, je me concentre donc cette fois sur le Nord. Une arrivée par la Thaïlande me permet de rentrer dans le pays par l’une de ses frontières naturelles, ce Mékong qui représente pour moi tant de souvenirs. Rejoindre Luang Prabang, capitale touristique du pays, est l’occasion d’une croisière de deux jours sur le fleuve mythique. Les paysages sont très différents de ceux que j’ai pu trouver dans le sud. Ici, le Mékong est beaucoup plus torturé, sinueux, perdu entre les montagnes dont le sommet est plongé dans une brume envoutante. Et la famille qui s’occupe de nous tout au long de ce périple, propriétaire du bateau, est d’une gentillesse inouïe. Inouïe sous nos latitudes, certes, mais quasi commune au Laos…

Si le Sud est d’une platitude totale, le Nord n’est que montagnes. Difficile d’accès, et donc plus sauvage. Je cherchais à sortir des sentiers battus, j’en sors. De touristes, je n’en verrai aucun pendant les quelques jours que durera mon incursion dans l’extrême nord du Laos, à quelques kilomètres des frontières chinoises et birmanes. Le trek de 3 jours que j’entreprends dans les villages de la minorité Akha est un souvenir inoubliable. L’accueil des villageois, les éclats de rire des enfants à la vue de leur bouille sur l’écran des appareils photos, l’initiation au repiquage de riz devant des villageois hilares… Un partage entre deux cultures aux antipodes l’une de l’autre, et une belle expérience humaine.

Plus accessible au grand public, Luang Prabang, la ville du Bouddha d’Or, est empreinte d’une ferveur religieuse impressionnante. En visitant quelques temples parmi les dizaines que compte la ville, vous vous ferez une idée de l’omniprésence du bouddhisme dans la vie du Lao. Contempler en silence la procession des moines à la robe safran au petit matin lorsqu’ils parcourent les rues pour quêter leur nourriture est en soi une expérience inoubliable… réservée aux lève-tôt ! Du mont Phou si, en plein cœur de la ville, la vue sur les environs est imprenable. Une ville au cœur de la jungle, dont les pagodes se dressent au milieu d’une végétation luxuriante, s’offre à vous. Luang Prabang est belle, en vert et or… Quant à la « banlieue », je l’explore en vélo, profitant d’un soleil radieux. (Note au voyageur : ne jamais oublier sa crème solaire au Laos). Mon jeu favori : me perdre sur les routes, et demander mon chemin. Un prétexte à de belles rencontres au Laos !

Laos Johann (127)

Vang Vieng, à quelques heures de Luang Prabang, est une ville assez surprenante… Une ville consacrée au tourisme, et qui l’assume totalement. Le centre ville ne présente guère d’intérêt, succession de petites guest-houses pour routards, de bars et de pizzerias… Mais sortez de la ville (qui n’est d’ailleurs pas très étendue), et vous vous retrouverez au beau milieu d’un paysage époustouflant de montagnes en pain de sucre recouverte de végétation luxuriante. Pour les voyageurs avertis, une vision qui n’est pas sans rappeler les environs de Guilin, dans le sud de la Chine. Ce petit coin de nature est le cadre idéal… pour entreprendre balades, descentes de la rivière en kayak ou en chambre à air de camion, tours en vélo, et autres activités de plein air. A condition de ne pas vous y rendre en pleine saison des pluies comme moi… Mais personne n’est assez suicidaire pour cela, bien entendu. C’est bien beau de vouloir faire l’aventurier, mais parfois on regrette que le ciel vous tombe sur la tête ! Pour terminer ce second périple, un petit tour à la capitale, Vientiane. Pas grand chose à voir, mais une ambiance détendue toute lao qui contraste étonnamment avec les 12 heures que je vais passer au retour dans une autre capitale asiatique, fourmillante celle là : Bangkok.

Alors ? Nord ou Sud ? Difficile de trancher… les paysages sont assez différents, mais tout aussi envoutants… Le sourire des Laos est partout le même : doux, radieux, accueillant et sincère. La douceur de vivre rayonne dans tout le pays… Le mieux est que vous vous fassiez votre propre opinion, quitte à y entreprendre plusieurs voyages !